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La relève

Quelques heures avant d’être
investie par les «Voisins
du mardi», la salle de répétition
du centre Cerise voit
débarquer des choristes en
herbe, les Voisins d’enfance.

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Le groupe est né à la rentrée 2002, sur une idée de Jean-Marie Leau. Les premiers temps, Agnès Brabo et Gaby Dubois-Chabert, une Voisine de l’époque, animent les répétitions. Le recrutement, via des affiches apposées dans le quartier, permet de réunir des enfants de milieux sociaux très différents. Mais les effectifs sont toujours restés limités. Beaucoup de parents considèrent que les cours de musique, dispensés dans les écoles parisiennes par un professeur dédié, sont suffisants. Et puis, le chant n’est pas à la mode chez les garçons. Malgré tout, les Voisins d’enfance continuent leur bonhomme de chemin. Aujourd’hui, c’est Sara Barast, grande et belle jeune femme tout sourire et pleine de peps qui encadre la petite troupe. Chef de choeur, professeur de piano et de solfège, elle monte aussi des comédies musicales dans les écoles. C’est sa sixième année aux Voisins d’enfance. Ce mardi d’hiver, une chanson d’Anne Sylvestre est au programme. Les enfants s’appliquent à chanter en rythme et à bien articuler: «On le lui a bien dit, du lundi au samedi et le dimanche aussi à Virginie, si tu fais des grimaces quand t’es devant la glace, un courant d’air qui passe et c’est parti.»

Chacun rivalise d’inventions clownesques pour imiter «le lapin qui nasouille, l’autruche qui minaude, les oreilles de vampires et le nez de cochon». L’apprentissage se fait en douceur, priorité au plaisir. «Vous aimez bien faire les “nia nia nia”? Alors on continue! Vous avez remarqué, vous dites toujours “c’est fini”, au lieu de “c’est parti”. Tant pis, dites comme ça vous vient, elle n’en saura rien, Anne Sylvestre.» Pour l’élaboration des spectacles de fin d’année aussi, les enfants ont leur mot à dire: «On invente une histoire, un fil conducteur pour relier les chansons d’Anne Sylvestre, Henri Dès, Steve Waring ou encore Isabelle Aboulker. C’est plus ou moins élaboré, un peu comme les enfants le sentent.» Naturellement, ces spectacles attirent surtout les familles des jeunes choristes. Pourtant, un jour d’avril 2004, c’est une spectatrice autrement plus prestigieuse qui est venue écouter les Voisins d’enfance. À l’occasion d’une visite à Paris, la reine Elisabeth II d’Angleterre en personne avait émis le souhait d’entendre une chorale de jeunes Français chanter. Souhait exaucé au centre Cerise, envahi pour l’occasion de tireurs d’élite et de gardes du corps. Le timing étant serré, les enfants ne peuvent chanter que la moitié d’une chanson. Un protocole rigide pas vraiment raccord avec l’état d’esprit de la chorale. Mais on ne fera pas la fine bouche et on se contentera de savourer l’image surréaliste de Her Majesty the Queen en grande conversation avec Agnès Brabo et Jean-Marie Leau devant la porte des toilettes de la salle de répétition.